mardi 26 janvier 2021

FERMETUTURE DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE POUR CAUSE DE CORONAVIRUS

 La BU se vident de ses visiteurs 

Par Cheikh Sidil Khair MBAYE

Ce 17 mars 2020, la bibliothèque universitaire qui accueille,  en moyenne entre 6000 à 10000 étudiants par jour, n’enregistre même pas l’ombre d’un étudiants quand Monsieur Sall, un agent de sécurité, explique à Dr Nadjalta qui cherche à rendre un livre. «  C’est pour le retour des livre ?» lui lança le préposé à la sécurité. Elle répondu par l’affirmatif ! La première étape consiste à se laver les mains avec du gel hydro-alcoolisé d’une bouteille posé sur un charriot ayant deux étagères.

Dr Nadjalta officie, comme médecin au service de la pédiatrie, à l’Hôpital Albert Royer de Guédiawaye. Le visage pale. Elle semble être affligée par la fermeture de la BU. «  Je viens à la BU pour lire et me connecter. » confia-t-elle. Elle a décroché son parchemin depuis 2014 mais ça ne change rien à ses habitudes. Elle continue à bénéficier du renouvellement de son abonnement à 1000 F. « C’est calme et ça me permet d’accéder à plusieurs livres. Je fréquente la bibliothèque depuis plus de dix ans. » Elle est ce qu’on appelle un rat de bibliothèque. Elle rappelle qu’au «  début, il n’y avait pas Internet ni de journées continues. Puis avec les changements d’horaire, ils sont allé jusqu’à 22 heures avant qu’ils ne fixent l’heure de la fermeture à 19 heures ».  Cheikh Mbacké, étudiant en deuxième année de lettre, est venu pour rendre un livre qui intéressera tout journaliste : l’art de trouver le mot juste. En effet, «  tout retard expose à une pénalité journalière de 500 F » explique-t-il ! Après avoir rendu livre, il se prépare à regagner son village jusqu’à nouvelle ordre. Mariam Diallo, étudiante en Licence 3 arabe, ne fréquente pas la BU.  Dr Nadjalta est  une tchadienne qui a fait toutes ses études de médecine à l’Université Cheikh Anta Diop. Elle est attristée par la fermeture.

Mahamadou Baldé, étudiant en Master 2  soutient que la fermeture de la BU « est  préoccupation pour les étudiants. C’est handicap pour le bon fonctionnement de nos recherches. Je fréquente la BU tous les jours sauf le dimanche. J’y viens aussi pour la connexion.»  il renchérit «  les ouvrages et l’assistance des agents sont nécessaires à la bonne conduite de nos recherches. Il y a aussi une bibliothèque numérique mais elle ne répertorie pas tous les ouvrages. Cette fermeture de la BU peut impacter sur les rapports du premier semestre des étudiants de master 1.» Il  trouve que cette situation peut engendrer des conséquences fâcheuses.

Les deux voies qui mènent, de l’entrée par la corniche, à la bibliothèque Universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop, sont nettement dégagées.  Aucun autre boulevard de Dakar, en dehors des voies qui bornent la place de l’indépendance et des autoroutes, n’est aussi dégagé. Il faut passer par le rondpoint qui reçoit les quatre voies qui desservent les espaces spécifiques du temple du savoir comme une croix étalée qui délimite les facultés des sciences juridiques, des sciences, de la médecine et des lettres. En imaginant le plan avec la bibliothèque comme cul de sac, c’est comme si l’aménagement de l’Université offre le spectacle de la Vitruve qui s’étale sur une croix : les quatre facultés étant les membres, le boulevard le tronc et la bibliothèque la  tête. Que de symboles apparaissent en laissant son imagination explorer l’aménagement de cet espace en considérant l’IFAN et la faculté de médecine comme base, la bibliothèque apparait comme le sommet d’une pyramide.

De la corniche, c’est à la diagonale que se positionnent le rectorat et le bloc administratif et pédagogique de la faculté des lettres. Par rapport aux deux voies, des symétries s’offrent, deux à deux, entre les facultés de droit et de médecine ainsi entre les facultés des lettres et des sciences. La BU est l’axe symétrique entre l’école des bibliothécaires et le jardin botanique. De loin, la bibliothèque universitaire offre une vue de façade qui laissent superposée des bandes successives, du bas vers le haut, noire, marron et bleue que surplombe, au-dessus, une surface verticale blanche. La bande noire résulte  d’un phénomène luminescent parce que de près c’est la partie la plus éclairée qui apparaissait noire de loin : le hall d’entrée.

L’accès de la BU est un couloir bordé par des pieux géants dont la plateforme supérieure porte une gigantesque pirogue bleue. Le hall et ses pieux sont de couleur marron, la couleur du cœur.  C’est comme si on insinue aux étudiants. Après avoir franchie, le premier mur vitré. Il est possible de lire sur le second les consignes : la bibliothèque universitaire est fermée. Du fait des mesures connexes à la prévention contre le coronavirus, la létalité du couloir de la mort à envahi tous l’espace universitaire. A l’intérieur, seul Monsieur Sall assure le service minimum. Il peut permettre aux abonnés scrupuleux de rendre leur livre dans les délais.

Amadou Lamine Ly travaille depuis cinq ans à la bibliothèque universitaire. Cette situation est inédite. Il ne se rappelle pas avoir vécu une situation similaire depuis qu’il est en service. La mesure d’arrêt des services se justifie, selon lui, par la nécessité d’appliquer les mesures étatiques. Face aux contraintes actuelles, il préconise des solutions : «  les étudiants peuvent aller vers la bibliothèque numérique où nous avons publié beaucoup de mémoires et des thèses. En outre, il y a que la consultation des données de l’Agence Nationale des Statistiques est possible à partir de notre plateforme.» il expliquera des deux modes d’inscription. Il existe deux salles de référence qui se situent au niveau du deuxième étage dont l’accès est réservé aux étudiants de Master II, aux doctorants et aux chercheurs. L’inscription pour ces services coûte 10000 F ou 15 000 F. Pour les autres étudiants des niveaux inférieurs l’inscription annuelle renouvelable est de 1000 F.

 

 

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