La BU se vident de ses visiteurs
Par Cheikh Sidil Khair MBAYE
Ce 17 mars 2020, la bibliothèque
universitaire qui accueille, en moyenne
entre 6000 à 10000 étudiants par jour, n’enregistre même pas l’ombre d’un
étudiants quand Monsieur Sall, un agent de sécurité, explique à Dr Nadjalta qui
cherche à rendre un livre. « C’est
pour le retour des livre ?» lui lança le préposé à la sécurité. Elle
répondu par l’affirmatif ! La première étape consiste à se laver les mains
avec du gel hydro-alcoolisé d’une bouteille posé sur un charriot ayant deux
étagères.
Dr Nadjalta officie, comme médecin au
service de la pédiatrie, à l’Hôpital Albert Royer de Guédiawaye. Le visage
pale. Elle semble être affligée par la fermeture de la BU. « Je viens à la BU pour lire et me connecter. »
confia-t-elle. Elle a décroché son parchemin depuis 2014 mais ça ne change rien
à ses habitudes. Elle continue à bénéficier du renouvellement de son abonnement
à 1000 F. « C’est calme et ça me
permet d’accéder à plusieurs livres. Je fréquente la bibliothèque depuis plus
de dix ans. » Elle est ce qu’on appelle un rat de bibliothèque. Elle
rappelle qu’au « début, il n’y
avait pas Internet ni de journées continues. Puis avec les changements
d’horaire, ils sont allé jusqu’à 22 heures avant qu’ils ne fixent l’heure de la
fermeture à 19 heures ». Cheikh
Mbacké, étudiant en deuxième année de lettre, est venu pour rendre un livre qui
intéressera tout journaliste : l’art
de trouver le mot juste. En effet, «
tout retard expose à une pénalité journalière de 500 F »
explique-t-il ! Après avoir rendu livre, il se prépare à regagner son
village jusqu’à nouvelle ordre. Mariam Diallo, étudiante en Licence 3 arabe, ne
fréquente pas la BU. Dr Nadjalta
est une tchadienne qui a fait toutes ses
études de médecine à l’Université Cheikh Anta Diop. Elle est attristée par la
fermeture.
Mahamadou Baldé, étudiant en Master 2
soutient que la fermeture de la BU « est
préoccupation pour les étudiants. C’est
handicap pour le bon fonctionnement de nos recherches. Je fréquente la BU tous
les jours sauf le dimanche. J’y viens aussi pour la connexion.» il renchérit « les ouvrages et l’assistance des agents sont nécessaires à la bonne
conduite de nos recherches. Il y a aussi une bibliothèque numérique mais elle
ne répertorie pas tous les ouvrages. Cette fermeture de la BU peut impacter sur
les rapports du premier semestre des étudiants de master 1.» Il trouve que cette situation peut engendrer des
conséquences fâcheuses.
Les deux voies qui mènent, de
l’entrée par la corniche, à la bibliothèque Universitaire de l’Université
Cheikh Anta Diop, sont nettement dégagées.
Aucun autre boulevard de Dakar, en dehors des voies qui bornent la place
de l’indépendance et des autoroutes, n’est aussi dégagé. Il faut passer par le
rondpoint qui reçoit les quatre voies qui desservent les espaces spécifiques du
temple du savoir comme une croix étalée qui délimite les facultés des sciences
juridiques, des sciences, de la médecine et des lettres. En imaginant le plan
avec la bibliothèque comme cul de sac, c’est comme si l’aménagement de
l’Université offre le spectacle de la Vitruve qui s’étale sur une croix :
les quatre facultés étant les membres, le boulevard le tronc et la bibliothèque
la tête. Que de symboles apparaissent en
laissant son imagination explorer l’aménagement de cet espace en considérant
l’IFAN et la faculté de médecine comme base, la bibliothèque apparait comme le
sommet d’une pyramide.
De la corniche, c’est à la diagonale
que se positionnent le rectorat et le bloc administratif et pédagogique de la
faculté des lettres. Par rapport aux deux voies, des symétries s’offrent, deux
à deux, entre les facultés de droit et de médecine ainsi entre les facultés des
lettres et des sciences. La BU est l’axe symétrique entre l’école des
bibliothécaires et le jardin botanique. De loin, la bibliothèque universitaire
offre une vue de façade qui laissent superposée des bandes successives, du bas
vers le haut, noire, marron et bleue que surplombe, au-dessus, une surface
verticale blanche. La bande noire résulte d’un phénomène luminescent parce que de près
c’est la partie la plus éclairée qui apparaissait noire de loin : le hall
d’entrée.
L’accès de la BU est un couloir bordé
par des pieux géants dont la plateforme supérieure porte une gigantesque
pirogue bleue. Le hall et ses pieux sont de couleur marron, la couleur du
cœur. C’est comme si on insinue aux
étudiants. Après avoir franchie, le premier mur vitré. Il est possible de lire
sur le second les consignes : la bibliothèque universitaire est fermée. Du
fait des mesures connexes à la prévention contre le coronavirus, la létalité du
couloir de la mort à envahi tous l’espace universitaire. A l’intérieur, seul
Monsieur Sall assure le service minimum. Il peut permettre aux abonnés
scrupuleux de rendre leur livre dans les délais.
Amadou Lamine Ly travaille depuis
cinq ans à la bibliothèque universitaire. Cette situation est inédite. Il ne se
rappelle pas avoir vécu une situation similaire depuis qu’il est en service. La
mesure d’arrêt des services se justifie, selon lui, par la nécessité
d’appliquer les mesures étatiques. Face aux contraintes actuelles, il préconise
des solutions : « les
étudiants peuvent aller vers la bibliothèque numérique où nous avons publié
beaucoup de mémoires et des thèses. En outre, il y a que la consultation des
données de l’Agence Nationale des Statistiques est possible à partir de notre
plateforme.» il expliquera des deux modes d’inscription. Il existe deux
salles de référence qui se situent au niveau du deuxième étage dont l’accès est
réservé aux étudiants de Master II, aux doctorants et aux chercheurs.
L’inscription pour ces services coûte 10000 F ou 15 000 F. Pour les autres
étudiants des niveaux inférieurs l’inscription annuelle renouvelable est de
1000 F.
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