mardi 26 janvier 2021

Vivre un destin

 Dans l’antre d’un métier

Ce mardi 7 décembre 2020, après son envol de deux ans,  Picc mi atterrit sur le tableau d’affichage de l’entrée du Hall de l’imposante barre du CESTI, un édifice en rez-de-chaussée surplombé d’un étage, drapé d’une peinture jaune.  C’est là, la manifestation d’une hirondelle aux ailes sertis de lumières vives et invisibles.  Ces plumes ne sont ni esprit ni âmes. Elles sont le souffle de la vie. Une vie qui distille la bonne nouvelle. Façonnée, à la manière des techniques de la poterie, l’actualité du campus universitaire s’y décrypte. Le Directeur du CESTI tend son portable, comme pour y montrer, quelque chose mais voilà qu’il dit : « Je l’ai transféré au Recteur.» Il parle de la version électronique du premier numéro de Picc mi. Le travail de fourmi méthodique se couronne de succès ! La méthode avec Abdou Rahib Ka, c’est Moussa Seck qui dit ; « il est méthodique » ; et aussi, le volontarisme de Baboucar Thiam se sont manifestés dans la coordination de l’équipe de rédaction. Coup d’essai, cible atteint ! En moins de 48 heures, le rêve de se faire lire devient une réalité. Désormais par la plume, un pont s’établit  et enjambe des souffles et des vies.

Les informations collectées alimenteront le Magazine Picc mi.

La co-construction qui produit le nom Picc mi, le logo et le message « les ailes de l’info » se dessinait déjà depuis Toubab Dialaw. A Toubab Dialaw, Madame Sonko assura le coaching du groupe de la presse écrite. Pendant les activités d’immersion, elle s’est montrée en retrait pour impulser une dynamique positive. A chaque fois, qu’elle s’approche d’une des plumes. Elle ne peut manquer de lui suggérer un angle de traitement avec une formule du genre : «  Ce serait intéressant que tu fasses un papier sur l’élevage de canard  Il fallait optimiser les productions, faire un bon usage du temps ! Le temps se produit et donne le jour, le mois et l’année. La rotation de la terre sur elle-même ou la révolution de la lune autour de la terre donnent, selon le calcul ou l’observation, respectivement le jour et le mois. Entre les deux unités temporelles, la semaine rappelle la  genèse, le récit des premiers instants de l’existence. Hebdomadaire est le qualificatif qui détermine le temps initial de la création divine. C’est un adjectif qui renvoie au nombre sept : les sept jours de la semaine. Il rappelle les jours de la semaine dont six jours sont pour le travail et un jour, pour le repos. Tout commença en un lundi matin à Toubab Dialaw pour six jours de travail pour collecter des informations. Les informations collectées alimenteront le Magazine Picc mi. Avant d’y arriver, les plumes de l’oiseau, les douze écritoires d’une autre époque, doivent s’affuter à travers deux quotidiens et un hebdomadaire. Le Picc mi Hebdo vous ouvre le campus universitaires par ses livraisons sur une diversité de rubriques. Picc mi Hebdo comporte aussi des pages ouvertes sur l’international, le sport, la société et les régions.

Picc mi Hebdo

En effet la parution de Picc mi Hebdo marquera le dernier virage de l’envol vers Picc mi Magazine. La troisième semaine du parcours de perfectionnement, par la pratique, comprend la livraison de Picc mi Hebdo.  Nous avons appris que rien n’est de plus fluide que l’information parce que  son actualité ne tient que d’un fil ténu, aussi fragile qu’une toile d’araignée, toujours prêt pour se rompre. Tout porte alors à croire que le journaliste est pareil à ce chasseur, qui peut soulever des lièvres, mais, il n’utilise ses balles que pour abattre des gibiers à même de mieux rassasier ses lecteurs qui peuvent être, non des gourmands, des gastronomes. Du problème perçu sur le foncier, à la bonne source, les journalistes en herbe découvre l’émergence du troisième pôle urbain de Dakar : le Pôle Daga-Holpa. Après Dakar et Touba, la commune de Yenne deviendra sous peu la troisième plus grande agglomération du Sénégal. Ces espaces ruraux vont s’urbaniser. Ces communautés lébous seront au cœur d’un brassage culturel qui y fera émerger le Sénégal des creusets.

Quand un évènement se revit dans une vie, il offre une nouvelle perspective qui permet la relecture. L’immersion dans une nouvelle vie professionnelle n’est pas de la distraction qui s’offre dans une gagaire. Ne pas s’en rendre compte, c’est vivre une tragédie. Le tragique résulte de l’inconscience d’une expérience qui laisse se voir écartelé entre la liberté et la fatalité. C’est vrai que la nouveauté comporte des hantises et de la peur. L’inconnu nous épouvante mais « les ailes de l’info », une trouvaille du professeur de presse écrite, pour caractériser Picc mi se dévoile peu à peu comme une exigence qui place la barre très haut. Mais il ne fait point allusion à l’envol d’Icare. Peut-être qu’il sait que les ailes de ses filleuls sont en lumière de saphir, éclairée par un jet de laser. Des ailes pour une plongée dans les méandres de l’espace ténu. En effet, le contraste entre les conditions du séjour rural et de celles de la phase intensive met au grand jour le bizutage des écoles où les maitres transmettent leur vécu à des disciples. Ces temps forts offrent des moments qui dévoilent, sous l’effet de la fatigue et la nécessité de donner le meilleur de soi, à soi-même, ses propres limites. On y apprend beaucoup aussi par les pairs.

Nous, voilà à Dakar dans un contexte de l’installation d’une deuxième vague de propagation de la pandémie. Assame Badji ravira la palme à tous, la Une du premier numéro du Picc mi parce que son flaire lui offrit le sujet qui se manifesta, comme un fantôme, dans tous les autres papiers. C’est un honneur ! Mais aussi une leçon d’humilité pour tous. Son papier était simplement bon. Avec le deuxième numéro, l’occasion a fait le larron. Ibrahima Minthé s’offre un avenir de grand reporter. La rédaction doit son article au bon réflexe professionnel de Abdou Rahib Ka qui signala à l’encadreur que quelque chose se passe sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Des étudiants armez de pierres ! Avec ce deuxième numéro, les titres s’arrachent, peut-être, l’influence de Babacar Guèye Diop et de l’application de la stratégie de captation enseignés par le Pr. Moumini Camara. L’affiche de la manchette  n’est pas loin  de : «  armez-vous de pierres jusqu’au COUD. » Djiby Dem n’a pas hésité d’adopter comme titre «  accouchement de divergences » pour son article qui rend compte des avis partagés sur la proposition de la Député Aida Mbodj sur l’élargissement de la durée du congé de maternité.

Avec Abdoulaye Sadio, nous nous somme gratifiés du titre de « métier moussant » quand il parle des lingères du COUD. La plume de Papa Demba Faye laisse promener jusqu’au «  vrai couloir de la mort». En vérité, les titres permettent de remonter la source jusqu’aux titres accrocheurs du Journal Le Quotidien. Un de ses anciens est le formateur en presse écrite. Moussa Seck qui ne légende pas sa photo sur la place des martyrs convoque la leçon sue de Madame Gaye et de Mame Mousé Faye ; «  on peut se passer de légender les photos qui parlent d’elle-même. » Et si on parlait de notre plateforme d’information : Picc mi. Abdou Rahim Ka s’est plu à nous rappeler, par le symbolisme de l’oiseau, la liberté comme gouvernail et la vérité comme boussole.  Ce n’est pas le journaliste qui pense que nous pouvons pénétrer les pensées d’autrui qui contredirait que notre deuxième rédacteur en chef a fait mienne du concept picc mi comme l’abeille crée le nectar à partir de plusieurs fleurs pour en faire un mets délicieux.

Bousculé par les affrontements entre les policiers et les étudiants pour le retard du non-paiement des bourses, la covid refait, avec force, surface en frappant dans l’hémicycle des députés. Un mort et des cas positifs : c’est le désarroi ! Un arrêté est tombé. Les rassemblements sont interdite mais pas dans les mosquées, les écoles, les universités, les moyens de transports,… La gestion de la covid ne souffre pas d’incohérences et de paradoxes. Et la bonne excuse reste : «  c’est pour tout le monde une nouvelle expérience.» A Yenne, un ancien émigré rappelle : « Pourquoi nous parle-t-on de possibilité de contamination par les filet or il savent que le mal est d’origine toxique. Cette même maladie s’est manifestée au Pérou  Et nous savons que cela provient de l’explosion accidentelle de fut de déchets toxiques enfouis en haute mer.»  Peu de scrupule expose à la licence !

Deux semaines après, nous sommes aux tiers du temps de perfectionnement auxquels sont soumis les plumes des ailes de l’info. Ils ont appris que la rédaction, c’est du travail collaboratif. Un bon journal, hebdo ou magazine ne peut résulter que d’un travail méthodique ainsi que des processus de mutualisation et de capitalisation. L’appropriation des meilleures pratiques par tout membre reste le levier du nivellement par le haut. Une rédaction est un espace d’éveil de sensibilité plurielle ; et la contradiction qui peut y naitre provient des angles différents, souvent complémentaires, par lesquels nous élaborons notre vision du monde et des choses. La réalité elle-même revêt des dimensions antinomiques  que rien n’est à même de fusionner. Que l’inculture n’aide jamais à comprendre nos différences de points de vue comme des barrières à même de jalonner les relations interpersonnelles.

Dans une rédaction, la solidarité et l’humilité sont, à mon sens, les premières ressources pour qui se trouve à la recherche de la vérité. Peu de personnes savent se reconnaitre dans le génie d’autrui or l’essentiel, selon Antoine Saint Exupéry, est d’apporter «  sa contribution à la construction de l’édifice.» telle est la mise des plumes qui peuplent les ailes de l’info juste et vraie !

Vers le stage professionnel

Bientôt nous vivrons la chaleur des rédactions. Nous avons produit deux quotidiens. Une rédaction, c’est un chef, un secrétaire, des reporters, des techniciens,… Certains des hirondelles mueront en huppes et d’autres en éperviers. Par les titres que les élèves-journalistes souhaitent vendre leurs papiers dévoilent leurs intentions. Elles ne sont pas toujours pieuses. Elles sont parfois même vicieuses. On peut y sentir de la prétention. La fatuité ! Pour certains, ils ne visent pas simplement un papier bon ! Leur désir légitime, c’est de jouir du miroir de Narcisse. Se voir en premier plan or un piètre article en premier plan déprécie son auteur. Un mauvais article en premier plan peut donner une nausée qui fait couler tous les autres articles qui constituent le dossier la production.

Le tout produit fait même du journaliste, un produit qui se vend. Et pourtant la mévente d’un journaliste de presse écrite n’amène à zapper comme le téléspectateur qui finit par revenir à son petit écran préféré après le passage du journaliste indélicat. Devenir un carnassier, c’est un couteau double face.

La profession

L’immoralité commande des rivalités serviles qui masquent, à soi-même, ses points à améliorer. L’une des faiblesses humaines la plus désastreuse reste la complaisance avec ses propres vices. Elles mènent tout droit dans les abysses de la déchéance. Après trois semaine, leur du bilan arriva : « je te souhaite longue vie et santé ». Voilà ce que le formateur dédia à celui qui s’est montré le plus exemplaire. « Cheikh  adapte ta plume » cette sentence confirme les conseils du doyen Yves Jacques Sow rappelé que l’écriture télévisuelle vise le niveau du breveté. Il faut un langage simple. La plume de Kémo, de Minthé ou de Ka sait ce juste milieu. L’essentiel c’est informer se rappelleront tous ceux qui se croyait un avenir en meublant les Unes de Picc mi. La consécration résulte de processus dont les paramètres tiennent d’options imprévisibles. Tout n’est pas en nous : l’œuvre nait d’une interraction.. Tous ceux qui ont voulu paraitre ont, un peu, raté le coche. Les micmacs n’ont pas eu d’effet  devant l’objectivité intraitable de l’encadreur. Chacun s’est retrouvé dans la justesse de ses critiques. Pendant la préparation du séjour intensif, il avait prévenu qu’il sera intraitable avec tout ce qui ne répond pas à ses attentes.

La vie

La fortune que la vie réserve à chacun dépend de l’angle sous lequel l’homme appréhende le réel. La perception du réel n’est pas singulière parce qu’elle s’offre dans la pluralité. Les profondeurs du réel constituent les meubles des paliers de l’échelle qui mène au cœur de l’espace ténu. A ma descende du Tata de ligne 4, certaines étables des marchands de l’avenue Cheikh Anta Diop, devant la brioche dorée, étaient encore enveloppées d’une toile noire. Ils sont en route, peut-être, vers ce lieu qui est l’un des points chauds du pays. Le retard du paiement récurent des bourses leur cause des ennuis. L’intifada entre les étudiants et les policiers y détournent souvent les flux de voitures qui créent des embouteillages monstres sur d’autres artères. Quand c’est le cas les automobilistes se ruent sur la corniche ouest et les artères du point E. Le 12 octobre 2018, c’était au rondpoint du point E que nous séparâmes. Hier, le 17 décembre 2020, c’est encore juste après le centre secondaire d’état civil du Point E, juste avant le portail des Centres des Œuvres Universitaire de Dakar de l’Université Cheikh Anta Diop.

Aujourd’hui, le temps est brumeux c’est la fin du stage intensif. En abordant le couloir qui pénètre l’université comme un morceau de muscle géant localise l’espace universitaire, de part et d’autre, le campus social et le campus pédagogique. D’importants projets de construction de logements sociaux y  révèlent le surpeuplement de l’université dont les grands espaces libres se peuplent peu à peu de béton armée.

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